BARONCINI Charles

Le petit bois

Au bord du bois, Laura, sur notre banc de pierre
Jouant aux "petits chevaux", nous regardons les trains
Auprès d'un marronnier, sur un tapis de lierre
Tu relances ton dés pour qu'un six sorte enfin !
Lorsque je prends ta place, tu te mets en colère...
Alors, pour t'apaiser, nous remontons plus loin
Admirant, au passage, coucous et primevères
Dans leur ‚crin de mousse, tout au long du chemin...
Je te lis, de Perrault, les contes, les chimères
Tu dis : "on est chez nous " et c'est vrai qu'on est bien
Bien cachés, tous les deux, au fond de la clairière
O! perce, dans les charmes, le soleil du matin...
Le bonheur d'un enfant, la joie d'être Grand-père
D'une jolie princesse qui m'a tendu sa main !

- Esbly, aout 92

Sur l'air de la Marseillaise...

Pour cet enfant qui pleure et crie
Notre impatience est arrivée
Contre nous de la tyrannie
La colère du bébé s'est levée
La colère du bébé s'est levée...
Entendez-vous dans la campagne
Mugir la féroce Laura ?
Elle hurle jusque dans nos bras !
Un caprice énervant l'accompagne...

Ses larmes sans chagrin
Forment leurs bataillons
Marchons... marchons...
Mais si ça dure
Au lit, nous la mettrons !

Esbly, 26 décembre 88




De Laura, les bisous
Se sont bien faits attendre !
Mais sur nos fronts, nos joues
Il n'est rien de plus tendre
Que ces déclics sonores
Qui caressent notre âme...

- Esbly, février 89




Au bord de la rivière

J'ai ralenti mon pas au bord de la rivière
Le courant passe vite, le courant, c'est le temps
Alors, pour mieux le vivre, ma marche s'accélère
Le cours d'eau, qui s'écoule, s'en va plus lentement...

Attends-moi le temps
Tu as bien le temps
De m'ensevelir...

J'ai chanté,j'ai rimé les roses,les primevères
Je me croyais perdu pour un simple chagrin
J'étais éclaboussé de mes amours premières
Qui venaient s'échouer dans l'éclat du matin...

Attends-moi le temps
Et prenons le temps
De nous étourdir...

J'ai cueilli de l'été, les fruits et les chimères
Et je l'ai rencontrée...Nous allons maintenant
Tendrement enlacés au bord de la rivière
Ignorant du chemin les peines, les tourments...


Elle marche, Laura
Oh ! pas encore sûre d'elle
Notre ange n'a pas
Tout à fait déployé ses ailes
Comme un caneton
Elle avance à tâton
Et s'accroche à la chaise
Du mur, elle frôle la paroi
Et semble plus à l'aise...
Elle jacasse de joie
Ses yeux scintillent
Le youpala est révolu
Bébé Laura n'est plus...
Vive la petite fille !

- Esbly, 21 septembre 88


Danse Laura !
Lui dit Mamie
Qui n'y croit guère

Danse Laura !
Lui dit Mamie
Qui n'y croit pas

Mamie-Thé chante
Et puis voilà
Qu'elle remue son p'tit derrière

Elle se trémousse
La..La..La..La..
Danse Laura !

Esbly, 23 octobre 88

 

 

 

Le Jardin de Grand-Père

Ca et là, dans le pré, quelques lopins de terre
S'offrent à la risée.Le jardin de Grand-Père !
Les radis, il est vrai, ont des feuilles immenses
Mais n'ont rien à croquer...ah ! je n'ai pas de chance !
Je les ai éclaircis, arrosés et binés...
" Il fallait, mon cher Charles, bêcher et retourner "
Dit Raymonde. Son potager : superbe et clôturé
Ses radis : bien dodus, et quels plans de salade !
De quoi rendre Grand-Père de jalousie malade...
"Avez-vous, Beau Papa, vu mes pieds de tomates ?"
Patrick en rougit de fierté, il nous épate...
Pour plaire à Evelyne, rien n'est jamais trop bon
Au Verger de Condé, il sème des melons
L'amour et le soleil ! à Esbly...un peu d'ombre
Fera l'année prochaine pousser quelques concombres !
Mais déjà, cet été, merveilles des merveilles
On peut se régaler de la soupe à l'oseille...
Un sumac, parmi elle, est venu s'immiscer
De même, dans les fraisiers, un petit peuplier...
Les haricots : bien partis ! puissent-ils arriver...
Les laitues sont pommées comme le jardinier !
Il y a le persil, le cerfeuil qu'on attend...
Qui auraient due, déjà, germer depuis longtemps...
Les fourmis, les limaces, se délectent à l'aise
Auprès d'un noisetier, à l'ombre des lilas
Du jardin de Grand-Père. Mais qu'importe, Laura,
Mamie, dans ton yaourt, a glissé quelques fraises...

Esbly, juin 88

 


Attend-nous le temps
Laisse nous le temps
De nous souvenir...

Des gazouillis joyeux,leur présence légère
S'accordaient avec nous, petits anges charmants
Puis ils couraient devant au bord de la rivière
Et de leurs propres ailes sont partis, insouciants...

Attends-moi le temps
Car de temps en temps
Ils vont revenir...

J'ai ralenti mon pas au bord de la rivière
Soudain l'onde ridée a des reflets d'argent...
Dans le trouble de l'eau, parait une lumière
Un enfant vient de naître, c'est un nouveau printemps !

Attends-moi le temps
Il est encor temps
De nous éblouir...

Canet Plage Septembre 1987

Le rôt de Laura

Le rôt
De Laura
Rate

Qui dira
Quand viendra
Le rôt
de Laura

Dans les bras
De Mamie
Le rôt
De Laura
Réussit !

 

 

Le rire de Laura

Le rire de Laura
Est rare
Rare est le rire
De Laura...

Mais quand Laura
Rit
C'est un cristal précieux
Qui surgit

Le sourire de Laura
De ses yeux...
Il est notre soleil

dans le ciel de l'hiver...
Et nous sommes heureux !

Esbly, décembre 1987

 

 


Une perle d'émail
Perce dans son sourire

Goutte de rosée
Qui a jailli des larmes...

Première dent de Laura !

Dans une cadence discrète
Ses mains s'ouvrent comme des pâquerettes...
Laura fait les marionnettes !

Esbly, avril 88

Laura dit: " Mamamamamama..."
Oh! juste deux syllabes
Et ce sera l'immense joie
Pour ta Maman

Laura dit: " Pa..papabapapapa"
Oh! juste deux syllabes
Pour le bonheur
De ton Papa!

Laura dit: " Ta ta ta tatata "
C'est moi Tata
Dit Coretta...

Oh! juste deux syllabes...
Bientôt Laura
Tu parleras !

Esbly, mai 88

 

MINETTE

Gare d'Austerlitz, souvenir qui nous est cher
Dans ta boîte à chaussures, venant du Loir et Cher
Portée par Coretta, irradiée de bonheur
Je te revois, Chaton, si frêle...tu avais peur...
Un chien t'avait mordue, juste avant ton départ
Chez le vétérinaire, te menant sans retard:
" Votre minet n'a rien, allez, partez tranquilles..."
Nous voilà, installés dans la rue de Belleville
Evelyne et Coretta, Maman et ton Papa
Appréciaient une joie qu'ils ne connaissaient pas
Un chat à la maison ! sa présence discrète
Espiègle, affectueuse, Mademoiselle MINETTE...

Elle t'aimait Marie-Thé, juchée sur tes genoux
Effleurait ton visage, esquissait un bisou...
Lorsque je la prenais, elle se rebiffait
Se mettait à cracher et, parfois, me griffait...
Coretta, de son poing, t'agressait à son tout
S'abattait sur ses mains, tes pattes de velours
Tu te cachais pour fuir ton panier de voyage
Nous t'emmenions partout, au Mans, à Canet-Plage
Pour te faire voir la mer, adorable compagne...
Et nous quittions Paris pour vivre à la campagne.

A toi, Minou chérie, les arbres, la nature !
Esbly pouvait t'offrir la chasse, l'aventure
Mais toi, tu préférais le home, la chaleur
Le soleil dans le pré, chez nous le radiateur !
Tu étais si jolie, intelligente et fière
Aimant surtout le calme et les bonnes manières...
Tes énormes ronrons, mon tigré, ma tigresse
Rythmaient dans notre coeur, ton infinie tendresse
Pendant plus de dix ans...ta précieuse présence...
Sans toi, nous éprouvons la douleur de l'absence.

Dans un coin du jardin, aujourd'hui tu reposes
Quand viendra le printemps, fleuriront quelques roses
Aussi belles que toi, Aux épines importunes...
Tes griffes, mon minou, je rime sans rancune...
Pour ne pas t'oublier...s'il est un au-delà
Accueillant ceux qui s'aiment, MINETTE, tu seras là
Nous te retrouverons, fidèle à nos côtés
Mademoiselle mon Chat, pour notre éternité...

Charles BARONCINI
Esbly, 11 Janvier 93

 

 

Le jardin de Grand-Père 93

Voilà un jardinier, retraité, bien à l'aise
Qui peut prendre son temps, l'année quatre-vingt-treize
Pour suivre de Candide, le conseil le plus sage
Cultiver son jardin...il oublie les mixages
Les micros à placer, le 19-20 première
La chaîne en noir et blanc qui n'était pas austère...
Tous les amis laissés...il y pense souvent...
Ses soucis désormais ? c'est la pluie ou le vent !
Et voici les radis que Mamie trouve forts !
On n'est pas toujours bien payé de ses efforts...
- Vois mes belles laitues.... - les fourmis les dévorent !
- Mes groseillers... - c'est vrai, les enfants les adorent
L'instant de la retraite, c'est un jour, des plus beaux
Laura et Johanna, voilà le renouveau !
Marie-Thé, ma chérie, prenons nos bicyclettes
Le chemin du temps libre nous conduit à la fête !
Délaissons les semis...seul, mon thym au citron...
- Dans la soupe à l'oseille, il n'était pas très bon !

Charles BARONCINI
Juin 1993

 

 

La retraite du poète

Après bien des années
De travail acharné
Me voilà retraité
O Muse, prends tes lunettes
Ta canne, ton dentier
Inspire à ton poète
Des vers non surannés
Et face au monde entier
Dis lui que la jeunesse
Dans ses yeux brille encore
Qu'une journée qui cesse
Fait renaître l'aurore !

Charles BARONCINI Juin 1993

 

AU BORD DE LA RIVIERE

J'ai ralenti mon pas au bord de la rivière
Le courant passe vite, le courant, c'est le temps
Alors, pour mieux le vivre, ma marche s'accélère
Le cours d'eau, qui s'écoule, s'en va plus lentement...

Attends-moi le temps
Tu as bien le temps
De m'ensevelir...

J'ai chanté, j'ai rimé les roses, les primevères
Je me voyais perdu pour un simple chagrin
J'étais éclaboussé de mes amours premières
Qui venaient s'échouer dans l'éclat du matin...

Attends-moi le temps
Et prenons le temps
De nous étourdir...

J'ai cueilli de l'été, les fruits et les chimères
Et je l'ai rencontrée...Nous allons maintenant
Tendrement enlacés au bord de la rivière
Ignorant du chemin les peines, les tourments...

Attend-nous le temps
Laisse nous le temps
De nous souvenir...

Des gazouillis joyeux, leur présence légère
S'accordaient avec nous, petits anges charmants
Puis ils couraient devant au bord de la rivière
Et de leurs propres ailes sont partis, insouciants...

Attends-moi le temps
Car de temps en temps
Ils vont revenir...

J'ai ralenti mon pas au bord de la rivière
Soudain l'onde ridée a des reflets d'argent...
Dans le trouble de l'eau, paraît une lumière
Un enfant vient de naître, c'est un nouveau printemps !

Attends-moi le temps
Il est encore temps
De nous éblouir...

Charles BARONCINI

 

 

L'ECUREUIL

Il passe, l'écureuil,
Devant notre maison,
S'arrête sur le seuil,
Cher ami, entrez donc !

Sous la tonnelle, assis,
Monsieur se désaltère...
Des glaces, du cassis
La boisson qu'il préfère

Actions trimestrielles...
Et SICAV Eparcourt...
Les rentes annuelles...
Où les livrets, tout court...

Il parle d'autres choses
Qu'il rencontre en chemin
Le parfum du jasmin
Ou la couleur des roses...

Parfois, dans un maillot
D'Esbly, multicolore,
On le voit à vélo,
Le dimanche à l'aurore...

Roulant dans les clairières
Et le long des guérets
Il revoit ses forêts
Les genêts, la bruyère...

Mais, le mardi, c'est dur !
Travail irréversible...
" Prenez du Balladur,
En actions convertible...

Charles BARONCINI
( Esbly, juillet 1994 )

 

 

A bicyclette...

Un peu de romantisme, en ce monde de haine

Décrit par France-Info et l'ensemble de chaînes

Roulant à bicyclette, à l'entrée de Jablines

Après le petit bois, la plaine se dessine...

J'ai vu des tournesols, ouverts dans le ciel bleu,

Et dans les blés coupés, un couple d'amoureux

Qui glanaient, tendre image, une réminiscence

De Van Gogh et Millet, des souvenirs d'enfance...

Esbly, juillet 1994
Charles Baroncini

 

 

ROSE D'ESBLY

D'un rosier mal taillé, elle est pourtant éclose
Elle n'est pas baccarat, c'est une simple rose
Une rose d'Esbly...

IL naîtra, l'an prochain, pour peu que l'on s'acharne
D'autres fleurs, alignées sur ce chemin de Marne
Peut-être plus jolies...

Elles auront la couleur que Vilmorin peut vendre
L'éclat d'un rouge vif, rose ou jaune tendre
Mais si tu veux chérie...

Nous garderons toujours ce pied de fleurs sauvage
devant notre portail, la délicate image
D'une rose d'Esbly...

Charles BARONCINI

 

AUX VOLEURS

C'était une maison, à deux pas de la ville
Où il faisait bon vivre, où tout était tranquille,
Que l'on quittait, parfois, pour voir d'autres ailleurs,
Un ciel bleu sur la mer, des différentes fleurs...
Chez nous, seuls les oiseaux mêlaient leur tintamarre
Aux accords de piano, aux notes de guitare...
Le cadre, en fer forgé, de la porte d'entrée
Décorait un vitrail, fleurs roses et dorées,
Les poings d'un malfaiteur ont brisé tout cela
Une nuit de juillet, où nous n'étions pas là
Je reviens au village, où s'installe la peur
Ils ont pris ma guitare, et je crie : aux voleurs !
Ces objets dérobés qui possédaient une âme
Vous allez les livrer aux receleurs infâmes
Présence d'être chers, discrètes à nos côtés,
Que nous aurions bien dû , avec nous emporter !
Nous n'avions pas, chez nous, de blindage et d'alarme
Vous n'avez pas trouvé la trace d'un fusil
Il ne nous reste plus que de secrètes larmes
Mais nous gardons toujours, en nous, la poésie !

Charles BARONCINI
( Esbly, juillet 1994 )

 

Le Jardin de Grand-Père 95

En l'an 95, le jardin de Grand-Père
N'aura pu nous offrir que des pommes de terre...
Tant le figuier est bas, qu'on ne peut se baisser
Et puis, il est si haut, que ne peut se tresser
Que très peu de rayons du soleil de l'été
Les oignons ne viendront pas à maturité !
Boutons d'or et persil se sont mêlés ensemble
La cueillette est ardue, leurs feuilles se ressemblent !
Et le lierre envahit les plans de ciboulette
Que nous avait donné, la bonne Louisette...
Il y a eu, pourtant, les tomates cerises
Que Laura, Johana, avaient trouvées exquises...
Mais, cher Papy, il ne faut pas que tu t'entêtes
Ton potager n'est plus... oublie la bêche, la binette,
Les graines, les tuteurs... retire la bordure
Le pré va s'enrichir de fleurs et de verdure...
Et, près de ton figuier, entouré de groseilles
Peut-être, reviendront quelques feuilles d'oseille...
Ainsi, conclue Mamie, en bonne conseillère :
Gardons le souvenir du jardin de Grand-Père...

Charles BARONCINI
ESBLY, Septembre 1995

 

LE NOUVEAU JARDIN DE GRAND-PERE

En l'an 96, le jardin de Grand-Père
Est devant la maison, c'est un joli parterre
Que le passant admire au détour de la rue
Depuis que l'anarchie a vraiment disparu
Mamie-Thé, cette fois, tenait bien sa revanche
Elle avait dit: "Papy, ton fouillis de pervenches,
Je ne veux plus le voir, allons, il faut bêcher
Et retourner surtout ! " Charles s'est dépêché
Car septembre était là. A la saison d'automne
Il mit des bulbes en terre, tulipes, anémones...
Passé le mois d'avril, les tulipes s'en vont,
Il planta d'autres fleurs dont il perdit le nom
Martine se moquait, d'un sourire subtil :
" Monsieur BARONCINI, on dirait du persil ! "
Mais Claudine affirma : " ce sont des renoncules "
Du coup le jardinier, en fut moins ridicule !
Il n'est jamais trop tard pour être à la hauteur...
Le joli mois de mai révéla les couleurs
Elles vont du rouge au rose et du jaune à l'orange
Du blanc, violet et parme, un délicat mélange
Il fallait au bouquet, artistique entourage,
L'ornement rouge et blanc qu'offre les saxifrages...
Et juin verra s'éclore des roses magnifiques
Que vilmorin propose, images féeriques !
Restent quelques pervenches, ne le dire à personne,
Des bleuets clandestins, mais celà vous étonne ?
Sur le mur, le perron, s'agrippe un peu de lierre...
Gardons la tradition du jardin de Grand-Père !...

Charles BARONCINI
Esbly, mai 1996

 

LA VIGNE VIERGE

La vigne vierge pare un poteau de béton
Tapisse le trottoir, devant notre maison,
S'enroule, ingénument, au fil du téléphone
C'est joli, naturel, mais notre cloche sonne !
Le facteur nous apporte une lettre du Maire
Recommandée et accusé de réception:
Plaintes de riverains...comme propriétaires
Il faut entretenir votre végétation.

Notre vigne envahit le poteau électrique
Et nuit aux télécom et à la voie publique...
Et notre bouleau pleure un peu trop dans la rue !
Face à tous les malheurs du monde, je m'étonne
De ces accusations. L'idée m'est apparue...
Serait-on insensible aux couleurs de l'automne ?

Esbly, octobre 1993
Charles BARONCINI

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