Erich VON NEFF 

Poète de San Francisco

 Erich VON NEFF ? Un homme en espace euclidien Compte à rebours

L'odeur de Paris sur le gril SANS GRIFFES Labyrinthes

L'EXPLORATION LA PAGE Armée Métronome

Les êtres de Rorschach LES LONGS GANTS NOIRS LE CANARD VERT

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Erich von Neff est né en 1939 à Manille aux Philippines. Peu de temps avant la deuxième guerre mondiale, sa famille est revenue s'installer aux Etats-Unis.
Monsieur von Neff a servi dans les Marines, puis a travaillé comme inspecteur de terrains, brasseur, postier, jardinier pour la ville de San Fransisco et enfin, docker sur les quais de la même ville où il réside aujourd'hui.
Erich von Neff est titulaire d'une license et d'une maîtrise de philosophie de San Fransisco State University. Il a poursuivi des études de troisième cycle en philosophie, en Ecosse, à l'Université de Dundee.
Des poèmes et nouvelles de Erich von Neff ont été publiés au Canada (en français), en Ecosse, en France et aux Etats-Unis.
La poésie de Erich von Neff peut surprendre, mais ne laisse pas indifférent. On aime ou pas, tout comme pour Picasso dans le domaine de la peinture. La poésie de Erich von Neff, n'est pas du Prévert, mais un trait commun la fait s'en rapprocher. Elle est dans la vie, elle parle de la vie avec des mots et des pensées de notre époque. En un mot elle est d'actualité, d'une actualité vue et ressentie par un poète de San Fransisco.

 

 

 

 

 

 

 

 

Un homme en espace euclidien

Un cube noir
En équilibre sur une arête
Oscille sur une surface plane translucide

Un homme debout sur cette surface
Retient l'une des arêtes du cube

L'homme crie :
"Je peux le faire rouler."
"Je peux le faire rouler."

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Compte à rebours

Rose
Rose, rose
Rose, rose, rose

Emprunte la diagonale

De ces roses pépites de chewing gum
Mastiquées
Par de merveilleuses molaires

Puis soufflées en bulles d'entre des lèvres charnues
Rose, rose, rose
Alors que l'air s'engouffre
Dans la sphère

Apprêtez-vous à l'explosion
Apprêtez-vous à l'explosion

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L'odeur de Paris sur le gril

Ecrasée par les pires excès de passion jamais produits
Plongée profonde au royaume du cauchemar
Mûe par ces sauvages abus viscéraux
Aucune carte de l'amour n'est laissée retournée
On ne peut que miser dans son propre style
Baroque ? Rococo ?

Grotesque expressionnisme gothique ?
Totale anesthésie
Caresse. Caresse.
Elle stimule le métabolisme du tout
Augmente le débit sanguin
Incite à s'abandonner aux douceurs

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SANS GRIFFES

Elle fait partie des sans griffes
Elle est membre de l'équipe dactylo

Toute la journée elle frappe
A une lettre de l'alphabet
Elle range ses feuillets en un tas bien net

L'employé de service passe à midi et quatre heures
Deux fois par jour son ouvrage disparait

Clic clac clic clac font les touches
C'est un tempo très rythmique
Joué presto
Fortissimo

Par les membres de l'équipe dactylo
Félines privées de griffes
Etres humains dépourvus d'empreintes digitales

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Labyrinthes*

Je marchais parmi des murs carbonisés
Au milieu de sépultures sans voix

Je marchais dans un dédale de briques roussies
Dressées en zigzags suivant des motifs cubistes

Je marchais au milieu de pièces vidées d'elles-mêmes
A travers des êtres sans visages
Pae des labyrinthes sans âmes

*(ruines de guerre Berlin Est,1961)

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L'EXPLORATION

Dans le chaos de la nuit
Et la triste obscurité
Je dessine les courbes de son corps
Avec mes mains
J'ai senti son coeur de porcelaine
J'ai plongé mon regard dans ces yeux en archets
Dans le chaos de la nuit
Poudre, poussière s'évanouissent
Dans le chaos de la nuit
Dans la triste obscurité
Je dessine les courbes de son corps
Avec mes mains.

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LA PAGE

La porte s'ouvrit en grinçant
Elle risqua un oeil
Le cligna
Chassa les rêves, le sommeil
Elle se tenait là, paresseuse
Nue sous un T-shirt trop grand
"Toi" dirent ses lèvres tranquillement
Sa main ramena en arrière des mèches entremêlées
Les lèvres sourirent
Les hanches ondoyèrent imperceptiblement
La rose pourpre est prête
La rose pourpre attend.

- Entre Ciel

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Armée Métronome

Les Prussiens voilés
Descendent le boulevard au pas de l'oie
Dans un martèlement sourd cadencé de bottes de cavalier
Ils arrivent à la tribune
De la hyène qui rie

Sur ordre ils soulèvent leurs voiles
Enduisent leurs lèvres de fard noir
Les bras tendus saluent
La hyène qui rie
Les bottes lustrées défilent le long des foules qui les acclament
Des milliers et des milliers
D'hommes métronome

Régiment après régiment
Un show
Pour la hyène qui rie

D'hommes métronome
De soldats aux lèvres noires.

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Les êtres de Rorschach

A Hiroshima et Nagasaki
Désintégrés
Des hommes, des femmes
Et des enfants
Ont laissé les ombres (*)
De ce qu'ils étaient

Qui étaient ces
Etres de Rorschach ?

Donnez-leur un nom
Donnez-leur un nom

San Fransisco- ( USA )
(*)... seules leurs ombres, incrustées dans l'asphalte des trottoirs ou la pierre des murs, sont restées, souvent, rappelant Pompeï, les ombres étaient suspendues dans leur mouvement de fuite ou fixées en une dernière étreinte." La route de la Liberté, Richard Collier, 1984, page 307.

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LES LONGS GANTS NOIRS

Sa silhouette se projeta sur le mur. Je marchais. Elle marchait. Beauté à la chevelure aile de corbeau, aux longues jambes et aux longs gants noirs. Seins hauts en mouvement. Hanches ondoyantes en mouvement. L'ombre d'un pas suivait l'ombre d'un pas.
Elle étendit le bras droit. La jambe droite suivit. Les autres membres en opposition. L'ombre s'arrêta. Je regardais les longs gants noirs et la chevelure aile de corbeau. Ombres délicieuses.
Je fis face au mur. Le gant droit se déplaça vers la droite. Le gant gauche se déplaça vers la gauche. Les longs gants noirs s'élevèrent lentement. L'ombre de la jambe gauche s'étendit à l'horizontale. Puis son ombre accomplit une demie révolution "en pointe". Les gants revinrent sur les côtés, traçant un cercle d'ombre mouvante. La jambe se replaça le long de l'autre jambe, projetant un quart de cercle d'ombre. Son ombre n'était plus qu'un long ruban noir avec un renflement à peine perceptible au niveau des hanches.
Les longs gants noirs s'entrecroisèrent. Ils étaient coiffés de la chevelure aile de corbeau. Puis un long gant noir pointa vers le haut. L'autre long gant noir pointa vers le bas. Un gant de part et d'autre de la chevelure aile de corbeau. Les longs gants noirs inversèrent leur position.
La chevelure aile de corbeau balaya le sol. Coup de pinceau. La chevelure aile de corbeau bougeait. Des boucles noires flottaient. Serpentines. Que je suivis. La chevelure aile de corbeau s'immobilisa. Nouveau coup de pinceau.
Nuit. Noire. Des gants de velours noir caressaient mon dos. Une chevelure aile de corbeau caressait mon visage. De longs membres souples et ombreux m'enlaçaient. S'étirant dans la nuit.

( San Fransisco )

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LE CANARD VERT

Un canard de plâtre vert était au milieu du petit bassin à poisson. Des poissons rouges nageaient autour du petit canard. J'étais venu terminer ce que j'avais à terminer. Je m'assieds sur un coussin au bord du bassin.
Les poissons rouges nageaient en rond autour du canard vert. De l'eau passait par leurs ouïes. Ils se pourchassaient en se frôlant des nageoires. Une petite fontaine renouvelait l'eau du bassin. De légères éclaboussures formaient des cercles concentriques autour des poissons rouges.
Je jetai de la nourriture à poisson dans ces cercles concentriques. Les poissons crevaient la surface de l'eau de leurs bouches avides. A manger, encore ,encore. Sales gourmands. Je cessai de leur jeter à manger. Ils reprirent leur trajectoire circulaire autour du canard vert tout en continuant à faire passer de l'eau par leurs ouïes.
Je regardais le canard vert. On devinait le blanc du plâtre sous son bec vert.
Susie s'assit près du bassin à poissons. Lilly s'assit à côté d'elle. Elles se mirent à regarder les poissons rouges. Et le canard vert.

"Tu veux 'une double fille 'chérie?" demanda Susie. C'est deux fois plus cher, bien sûr. L'implication est évidente. Parfaitement évidente. Sûr que je voulais une double fille. Ce serait drôle d'avoir deux filles. Quatre seins à tâter. A sucer. Un par un. Satisfaction orale quadruplée.
J' acquiesçais d'un mouvement de tête. Je payai double prix.
Je les suivis le long d'un couloir. Susie tourna la poignée de la porte. Nous entrâmes à la queue leu leu. Deux femelles et un mâle. Elles se mirent à faire glisser les fermetures éclairs, et moi à me déboutonner.
Je m'allongeai sur la table de massage. Elles me regardèrent comme si j'étais sur une table d'opération. De la chair à manipuler, à tourner et à retourner, à exciter et à subjuguer à volonté.
Susie commença l'une de "ces conversations téléphoniques sexuelles excitantes ""Ca te plaît chéri? ""Oh; oh! Comme on est gros!"
Sa voix de gorge commentant la taille de mon pénis ne m'excite pas.Il est d'ailleurs de taille standard si l'on se réfère aux résultats des recherches entreprises par de grands esprits scientifiques.
Elles commencèrent une double manipulation orale. Je prenais leurs cuisses, le regard tourné vers le plafond vert. Je regardais leur crinières noires qui me chatouillaient le nombril. Tétons légers, électriques. Véritable réaction chimique. Des spasmes couraient le long de mes cuisses. Les spasmes ralentirent. Lilly me recouvrit d'une serviette éponge blanche. Très absorbante.
Elles se mirent à parler en vietnamien. Parlaient-elles de moi? Me comparaient-elles à d'autres hommes? Est-ce qu'elles partageaient les vues des grands hommes de science?
Lilly partit. Sans doute pour servir un autre client. Susie alla au lavabo et entreprit de se rincer la bouche. Je l'entendais se gargariser et me recracher.
Je restai allongé sous la serviette blanche. J'entendis la porte se refermer. Je retirai la serviette et pris une douche froide. Je me rhabillais et sortis de la pièce.
Je me dirigeai vers le bassin à poissons rouges. J'allai vert le canard vert.

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