ANS
RONTIERES
Numéro 22
Table des matières
- POUR TOI Jacqueline CENREAUD
- Henri Heinemann : " L’année du Crabe " Jeanne TALBOT-DAVID
- DES MILLIERS DE ROSES Chanson de Joël VALARCHER
- LES FEUILLES QUI FERTILISENT Pascaline GABON
- LE MASQUE Jacqueline CENREAUD
- CAMARGUE Joël Valarcher (1997)
La fin de l’année arrive - Parmi les vœux les plus chers se trouve la Paix, la paix dans le monde, la paix dans notre vie de chaque jour, la fin de toutes ces guerres, de tous ces massacres - massacres d’hommes et d’animaux, la paix dans chaque famille. Mais la paix ne peut s’instaurer que si elle existe déjà dans notre propre cœur. Comment la demander ailleurs, si elle n’existe pas déjà en nous. Et cette paix ne peut exister que si nous partageons l’Amour Universel, cet amour qui donne, pardonne, tolère, console. Mais cet amour demande malgré tout une certaine vigilance. Car Amour ne signifie pas mollesse - l’Amour est dans la Force intérieure - l’Amour vient du plus profond de notre être, vient du Christ qui est en chacun de nous. J’ai bien écrit " le Christ " et non pas " Jésus-Christ " car comme pour beaucoup, je pense que vous avez déjà fait la différence. Le Christ est en chacun de nous, Jésus l’a révélé - de Jésus de Nazareth, il est devenu Jésus-Christ. Et cet Amour Christique, lui a valu d’être assassiné par les hommes bêtes, lâches, ignorants. Nous sommes civilisés aujourd’hui, pensez-vous ! En êtes-vous certains ? Combien de fois par jour renoncez-vous à vos idées, à être vous-mêmes, à laisser votre identité, votre Individualité de côté ? tout cela pour ne pas déranger, pour être comme les autres, pour ne pas se faire remarquer, pour faire plaisir.... les raisons ne manquent pas. Combien commettent des actes qu’ils jugent répréhensif chez les autres mais qu'ils excusent pour eux-mêmes. Combien de peuples se déchirent, se réclamant tous de Dieu ? Combien de luttes fratricides (l’Irlande par exemple) déciment des êtres dont la seule différence, se trouve être leur religion, religion qui se réclame de Dieu. Mais Dieu est Unique, pourquoi ne pas éclairer sa conscience, laisser la Lumière et l’Amour Divin nous inonder ?
Bernard HAUDUC
Face à ton indifférence,
J’ai dû me rendre à l’évidence
Que ma vie n’avait plus aucun sens !
Le mot rupture vint alors m’effleurer
pourtant, je ne pus l’accepter
Bien que souvent tu m’eus délaissée !
Le mot respect n’a-t-il donc d’importance
Pour que tu sois indifférent à ma souffrance ?
Trouveras-tu un mot pour ta défense ?
Je suis déconcertée par tant d’inconstance,
Ebahie par ton égoïsme et ton inconscience !
Puis-je espérer que tu agisses avec bonté ?
Que tu sois animé d’honnêteté ?
Mais pourquoi donc es-tu menteur ?
Ne prends-tu part à ma douleur ?
Comment peux-tu me dire " je t’aime "
Et m’oublier le soir même ?
Il faut que tu saches qu’un jour
La vie peut te jouer un tour
C’est seulement là que tu comprendras
Que pour toi je suis toujours là !
Jacqueline CENREAUD
Henri Heinemann : " L’année du Crabe " - Recueil de poèmes.
Poésie à la fois luxuriante et sobre, pudique, poignante, existentielle. Sur le thème - O combien singulier !- d’une maladie flirtant avec la mort -(le cancer " puisqu’il faut l’appeler par son nom "). Henri Heinemann compose/impose une symphonie qui se veut langage pur et solitaire.
" A pas feutrés ", à bouche close, se déroule " sous les huit signes de la patience ", le " mistère " d’un quotidien hors repère qui s’enracine au coeur du labyrinthe où guette le Minotaure : " La bête et l’homme/plus que très fin d’espace entre la bête et l’homme/ Se peut-il/ qu’en ce plus que très fin espace/il ait fleuri/ce qui germe et fleurit du meilleur de la vie ?... ".
De la pugnacité de ce combat entre l’âme duelle et le corps souffrant, désorienté, rétif, jaillit la prière : " Du plus profond de mon être disjoint/du plus profond de ma chair offensée..Seigneur..Par le droit du créé/d’en appeler à l’incréé.. le " cri " vibre tel un arc à l’extrême tendu, libère la flêche immobile et mouvante dans la durée atemporelle du martyre.
Léthale , maternelle la vie projette son ombre où se love, exténué, l’homme-enfant : " Un roseau qui ne pense pas ..A l’heure où rognée/taraudée,meurtrit, ma chair souffre.. "
Les ballets gracieux des " souris-fées " - prêtresses de la compassion, revêtues de la blancheur du deuil : " incarnaient à leur insu l’extrême pitié de Dieu " tandis que les songes fleurissent et meurent, plantes érémiques arrosées de pluies soudaines et rares...
Le " reclus en fief d’infortune " subit le calvaire d’un Sisyphe camusien qui redécouvre la beauté des petits riens terrestres qu’occulte la routine de vivre. L’amour constant pour la " Nature vive ", les êtres, les choses.. se double d’un humour de soi qui survêt le marais circadien d’un humus fertile par où pénètre " le soleil dans le sang ".
Des trompettes orgiaques de la mort éclosent les noirs nénuphars de la déréliction, s’envolent les colombes de l’espérance. Ressac de l’instant, ressac des rémanences, le " Gratte-mémoire " s’épanche en " Fontaine du gribouille-plume ", en " Parenthèses " de paix : " ..l’enfant.. déclinait sa joie d’insecte ".. La tentation de l’orgueil méphitique se joint au " Crabe..sycophante " qui " ourdit ses coups en diagonale "..
Grâce à l’expérience cruellement vécue, Henri Heinemann exorcisé conclut :
" Dieu m’est témoin que ce fut une jolie guerre
" et que nous n’avons pas achevé d’en découdre
..........
" Dieu m’est aussi témoin
" que je ne suis plus aujourd’hui
" tout à fait le même qu’hier
...........
" Ne serait-ce qu’à espérer
" après le flux l’obole du reflux "
Jeanne TALBOT-DAVID
L’Année du Crabe (Bourse Poncetton de la Société des Gens de Lettres)
Edition Vague Verte - 80460 Woignarue
Quand on l’a mis à l’index
nul n’a levé
le petit doigt
pour le défendre...
Et à deux doigts
d’en finir
il est devenu
aujourd’hui...
homme de...mains !
6.12.1992 Marjan
Les soles se terrent
au fond des Mers...
Depuis qu’elles ont entendu
les voix des Maires
édicter des plans d’occupation !
9.02.1993 Marjan
Poèmes extraits de " Le Bouc des Deux-Sèvres "n°412 diffusé par Marjan.
Des milliers de roses
se posent sur toi
toi qui n’as plus rien
même plus de toit
Quand tu tends la main
tu sens le jasmin
du côté jardin, tu sens le thym
Elle est là , la liberté
des gens qui n’ont rien volé
elle est là, la liberté
des gens qui sont oubliés
Des milliers de roses
se posent sur toi
des cartons couchés
feront un lit pour toi
Si tu ne te relèves pas
les pétales de roses se coucheront sur toi
Des milliers de roses
me parlent de toi
de ce désarroi,
tu n’avais pas le choix.
Chanson de Joël VALARCHER (Esbly)
-Les Mains Vivantes n°20-(édition AELACG)
L’arbre s’illumine
C’est l’automne qui brille
La neige qui fond,
Sur les toits sans raison,
C’est l’hiver, nous arrivons
Car c’est l’une des plus belles saisons.
Maintenant les bourgeons naissent,
Et tous les flocons disparaissent,
C’est le printemps qui vient sans cesse.
Puis c’est l’été qui suit
Avec tous les bonheurs de la vie
Voilà comment je vois l’année,
Sous une forme enchantée.
Pascaline GABON - 28.10.1994
La Vie est une suite logique de causes et d’effets. Quand notre logique s’arrête, débute notre ignorance.
Certains, nomment -Hasard- les événements liés à cette ignorance.
Bernard HAUDUC
Tel l’éclair,
un beau matin, tu vins !
Toi, l’inconnu sans vertu,
tel un fantôme, tu apparus...
Tu exprimais la souffrance,
cherchant la délivrance !
Derrière tes mots cachés,
tu espérais gruger !
Prenant part à tes malheurs,
Je t’ai ouvert mon coeur !
Tu aurais du te livrer,
à ma voix te confier,
déclinant ton identité !...
Pourquoi es-tu resté masqué ?
Se peut-il que tu prennes plaisir
à ne faire que mentir et démolir ?
Sais-tu que dans ce rôle misérable
tu n’es qu’un pauvre diable ?
Bannis le mensonge,
afin qu’il ne te ronge,
pour que tu disparaisses,
et que jamais l’on ne te reconnaisse,
que tu te transformes,
en devenant un homme !
Jacqueline CENREAUD
Le vent qui souffle ne te rappelle-t-il pas
la Camargue et ses grands espaces ?
Les chevaux dans les marais
au galop, courbent les roseaux
Les feux de camp brûlent le vent
les cavaliers se mettent à rêver
Et la pluie gifle le vent
et le temps se fout du vent
Les cavaliers avaient de grands chapeaux noirs
et la main sur le côté comme pour s’envoler
La Camargue et ses grands étangs
ses marais salants pris dans le delta...
Joël Valarcher (1997) Auteur compositeur interprète
Un soir, je me rappelle,
Je partais caresser le plancton sauvage,
L’orteil coquinant le sable,
L’air respirait pour moi
Et la nuit peu à peu me couvrant,
Tout mon corps piqué d’étoiles,
J’étais plein d’océan et plein de vent,
Ma joie était silence,
J’étais solitaire,
J’aurais pu me perdre,
Mais il n’y avait plus de chemins.
Juin 1993 - Marc VELLA
EVENEMENT -Marc VELLA , seine et marnais de Villiers sur Morin dont vous pouvez lire les poèmes dans notre revue, compositeur hors des chemins battus, interprète hors-normes, de retour du Pakistan, sera avec son piano à L’Olympia le 13 Janvier 1997.
Je marchais parmi des murs carbonisés
Au milieu de sépultures sans voix
Je marchais dans un dédale de briques roussies
Dressées en zigzags suivant des motifs cubistes
Je marchais au milieu de pièces vidées d’elles-mêmes
A travers des êtres sans visages
Par des labyrinthes sans âmes
Erich Von Neff
*(ruines de guerre Berlin Est,1961)