OEMES et ETTRES

ANS RONTIERES

NUMERO 30

Table des matières

EDITORIAL Bernard HAUDUC

REGARDS Bernard HAUDUC

EVANGILE POUR L’AN 2000 Georges Gabriel HOSTINGUE

Le lutin Jacqueline CENREAUD

Réflexion pour un manifestant en prison Marjan

LE VERBE AIMER Jean-Louis ROUX

ATTENTE Bernard HAUDUC

GENEROSITE Jacqueline CENREAUD

VILLE PRINCIERE Elie DUVIVIER

" L’an deux mille , à grands pas " Nicole EPAILLY

VA LA VIE Henri Heinemann

LA MER Serge LAPISSE

UN AMI Charles BARONCINI

SOLITUDE Jacqueline CENREAUD

LE LIVRE Emilienne Cottrelle

LES MOTS Bernard HAUDUC

La Faveur Marjan

POUR NE PAS OUBLIER Joël VALARCHER

L'ORIGINE DU FEU Andrée CERDAN-JARA

RECHERCHE Bernard HAUDUC

MACROCOSME Georges Gabriel HOSTINGUE

LE CERISIER MAGIQUE Jean-Pierre GHIO

L’amour Jacqueline CENREAUD

2000 ! Jacqueline DELPY

LES RONDELS Marcel BRUN

SONGE AUX SIECLES MORTS. Michel-François LAVAUR

L’AN DEUX MILLE Auguste Lefevre RICHARD

L’enfant et le rouge - gorge Marjan

NOUS AVONS RECU, NOUS AVONS LU Charles BARONCINI

 

 RETOUR AU SOMMAIRE GENERAL

 

 

 

 

 

 

 

 

EDITORIAL

Nous acceptons de passer en l’an 2000, ce qui représente un événement important, aussi bien d’un point de vue psychologique, que pour toutes les applications technologiques. C’est un fait…. Nous ACCEPTONS ! et cette acceptation c’est ce qui nous manque la plupart du temps dans notre vie quotidienne, que ce soit en famille, au travail, avec nos amis et relations, face aux évènements médiatiques, à l’actualité en général. En fait nous avons du mal à accepter car nous ne nous acceptons pas nous-mêmes. Que chacun fasse un effort et se pose la question :- Est-ce que je m’aime ? Est-ce que je m’apprécie ? et donc en découle ; Est-ce que je m’accepte ? La réponse est la plupart du temps ; Non ! Aussi comment pouvons-nous accepter les autres et toutes les différences qui les caractérisent, si nous ne nous acceptons pas nous-mêmes ?

La non-acceptation nous fait rester dans l’antagonisme face … à l’autre… aux autres et de rejeter sans cesse ce qui nous incommode chez " ces autres ", alors que c’est uniquement une question de systèmes de croyances, de points de vues, de morale. De cette fameuse morale qui croit éduquer, alors qu’elle étouffe, qu’elle nous étouffe.

Cette non-acceptation conduit à l’intolérance, au racisme et à tous les débordements que cela implique.

Pourquoi un couple se dispute-t-il ? l’un n’accepte pas ce que pense l’autre ou sa façon de s’habiller.

Nous entendons chaque jour des réflexions de personnes, parlant seules, leurs propos étant dirigés vers une autre personne, propos remplis de critiques, de non-acceptation. Tous les sujets de la terre sont bons ; culture, éducation, niveau social, aliments, vêtements, coiffures, voitures, maisons, démarches, moustache ou barbe, cheveux frisés ou en queue de cheval, chaussures à talons épais ou à boucles métalliques, etc… etc….

Ce qui est rejeté chez l’autre c’est uniquement la projection de notre pensée, de notre propre non-acceptation de nous-mêmes que nous faisons sur les " autres ".

A partir du moment que nous prenons conscience que nous sommes UNiques sur cette terre, donc différents de tous les autres, nous modifions notre schéma mental en nous acceptant tel que nous sommes, en aimant qui nous sommes et ce que nous faisons, sachant que la soi-disante perfection n’est pas du plan terrestre, mais que le mieux que nous pouvons est déjà beaucoup. Nous acceptant, nous acceptons alors l’autre, les autres, tous si différents et notre pensée devient positive, constructive. Nous quittons l’antagonisme ce qui nous permet de mieux contrôler notre mental ce qui nous évite alors des emportements, disputes, colères, mésententes, puisque notre énergie nous l’utilisons vers une autre direction.

Les gens timides qui rougissent, sont des personnes en colère. N’arrivant pas à agir, bloqués, le sang leur monte au visage, signe d’une colère intérieure dirigée contre eux-mêmes, mais dont ils n’ont pas conscience. S’ils acceptent de reconnaître ce blocage, un premier pas est fait. Il ne leur reste plus qu’à débloquer leur problème, ne rougissant plus, car ils seront passés de l’antagonisme à l’acceptation.

Aussi en cette période de vœux, comme nous acceptons toutes et tous de passer en l’an 2000, j’émets le vœu que chacune et chacun puissent s’accepter tels quels, avec leurs qualités et leurs défauts. Quant nous reconnaissons ce qui ne va pas, un premier pas est déjà fait, c’est le pas le plus important. Si chacun d’entre nous ACCEPTE de voir, ce que d’habitude il évite, ce sera profitable à nous-mêmes en premier lieu, et à l’humanité en second. Le vrai changement ne vient pas par la multitude, mais par le changement d’une personne, qui ajoutée aux autres personnes ayant changé, permet alors un changement de la multitude.

Nous acceptons de bonne grâce l’an 2000, acceptons-nous, acceptons les autres et l’année sera bonne.

Bernard HAUDUC

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

REGARDS

Chaque jour dans la rue,
n’importe où
nos regards se croisent
s’entrecroisent, se décroisent.
Qui est-elle ?
Qui est-il ?

Nous nous posons mille questions,
nous voudrions bien savoir
A quoi pense-t-elle ?
A quoi pense-t-il ?
Que cherche-t-elle ?
Que cherche-t-il ?

Nos regards se croisent
s’entrecroisent, se décroisent.
Yeux bleus, marrons, gris ou verts,
expressifs, endormis, attristés,
interrogateurs, joyeux, malicieux ou soucieux.

Chaque jour dans la rue,
n’importe où,
nous nous croisons sans nous connaître.
Il suffirait de si peu
pour que ces instants deviennent
dialogues, communications, découvertes.
Mais nous sommes en route vers ailleurs,
vers chez nous, vers le bureau
ou bien le magasin,
en fonction de l’heure matinale
ou de l’approche de la soirée.
Nos vies convergent en lieux différents
aux mêmes heures, aux mêmes lieux.

Nos regards se croisent
s’entrecroisent, se décroisent.
Qui est-elle ?
Qui est-il ?

Parfois nos regards mutuels
s’arrêtent et plongent l’un dans l’autre,
dans un instant où communient
nos Etres intérieurs.

C’est ainsi qu’au fil des jours,
des saisons, des années,
nos regards rencontrent
sans paroles, sans pensées,
en toute vérité de nous-mêmes
car nos yeux ne peuvent rien cacher,
miroirs de notre âme.

Que nos regards rencontrent
un ou plusieurs nous-mêmes
vibrant à l’unisson
sur le chemin de la vie....
......chaque jour dans la rue,
n’importe où,
nos regards se rencontrent
nos regards communient
...............
nous en avons tant besoin
la route est longue.

Bernard HAUDUC

Paris (07.99) Trébeurden (08.99)

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EVANGILE POUR L’AN 2000 (extrait)

Je viens de terminer la lecture de Gina Cerminara (" De nombreuses demeures " - Editions Adyar, 4 Square Rapp, 75007 Paris). C’est un livre merveilleux que vous n’avez pas le droit d’ignorer. Il va dans le même sens que le mien dans un registre différent, et j’ai retrouvé chez elle les mêmes convictions qui nous animent l’un et l’autre. Elle m’a permis de pénétrer un peu dans ce qu’est le psychologie et la parapsychologie. Nous en faisons tous, tous les jours, sans le savoir, dès que nous analysons les souvenirs et les sensations chez nous ou chez autrui. C’est indiscutablement la médecine de demain. On soignera absolument plus le corps sans soigner l’âme et le subconscient. Quand nous vivrons la certitude de la réincarnation, là comme ailleurs, tous les traités seront à revoir de A à Z.

Est-ce pour demain, cette démonstration scientifique de la réalité de la réincarnation ? Sous cette forme, non. Pas plus que l’existence de l’esprit ou de l’âme et c’est heureux ainsi. On démontre l’existence d’une chose, pas forcément sa réalité. L’existence démontrée d’une chose n’apprend plus rien, elle n’enrichit pas, elle nourrit. La réalité d’une chose incite à la recherche et à la foi : c’est un facteur de progrès et de mouvement. Si tout était démontré, vous cesseriez d’aimer. C’est ce qui arrive aux vieux couples qui ne se parlent plus ; et c’est pourquoi la Divinité se parle éternellement à elle-même. C’est pourquoi nous existons.

Ces vérités-réalités ne seront jamais démontrées, du moins durant l’aspect actuel de notre humanité. Elles resteront dans le cadre de présomptions logiques qui font que pour un esprit éclairé et surtout dénué d’orgueil, ces suppositions se transformeront en certitudes inférées. Cela ne doit pas vous décevoir : vous admettez bien sans sourciller que la terre est ronde, et qu’elle tourne. L’avez-vous vu, constaté ou démontré vous-même ? Avez-vous aperçu un atome ? Nous l’admettons parce que des savants, partant de postulats, sont arrivés à cette conclusion ; mais nos sens ne sont pas à même de constater la chose. Dans un premier temps, la notion de réincarnation, banale en Orient, deviendra hypothèse d’école en Occident ; puis, de sens commun et même de mode. Dans un deuxième temps, temps, elle nourrira les masses occidentales qui en sont encore tenues à l’écart et alors la chose sera dans les moeurs et nul n’en discutera plus... pas plus qu’aujourd’hui on ne discute que 2 et 2 font 4.

D’ici là, il sera passé un peu d’eau sous les ponts, mais pas tant que cela à vrai dire, car la chose semble bien engagée... L’humus est prêt à recevoir le mycelium. Seul manque l’argent ( en fait la décision de consacrer de l’argent à ) pour donner une légère impulsion, car nous travaillons là dans le tissu humain, avec des moyens matériels. Nul doute que si demain on pouvait distribuer dans de bonnes conditions un certains nombre de livres choisis, on arriverait à des résultats époustouflants.

Personnellement, je me livre à un simple test, dans la mesure de mes moyens, en distribuant quelques livres. Je ne désespère pas de pouvoir faire une expérience à plus grande échelle pour savoir si l’on peut dans un endroit déterminé développer une sorte de microclimat spirituel. Il est à souhaiter que je puisse tenter la chose avant 99, mais il est également souhaitable qu’un tel acte de confiance envers nos contemporains soit partagé par un groupe d’amis qui serait à même de mener la chose à bien tout comme moi et même beaucoup mieux.

De toute façon, les choses se passeront lentement, en spirale, comme d’habitude, en leur temps. Imaginez un peu... que l’on découvre l’Amérique seulement au jour d’aujourd’hui... Quel chantier cela ferait ! Non, l’Amérique a été découverte définitivement en 1492 à une époque où cela modifiait les choses, mais en ne les troublant pas. Quant aux lieux où la notion de réincarnation prendra son essor le plus vif, c’est en tissu occidental, là où le tissu matériel est le plus épais et le plus riche de possibilités futures. Ceci tout simplement parce que l’Esprit pour se développer consomme de la Matière. Les bons cataclysmes produisent du bon terreau, d’où naissent inévitablement les plus belles moissons.

L’Orient après avoir été en avance pendant des siècles, va prendre un peu de recul et laisser l’Occident combler son retard. Là comme ailleurs et en toute chose, la loi d’équilibre aura fait son oeuvre sans que nous ayons eu à nous en préoccuper. Nous n’aurons été une fois de plus, que les outils du Temps. Ce temps qui n’existe qu’en rapport d’une part du progrès à accomplir, et d’autre part de la vélocité et de qualité de notre choix.

L’hypnose pratiquée avec sérieux, expérimentée sur une grande échelle, donnerait des résultats étourdissants qui seraient presque à la limite des preuves en ce qui concerne la réincarnation. Les Grands qui ne nous imposent pas, mais qui nous orientent et nous conseillent le savent bien et ils avaient imaginé la chose un instant... Ils ont même tenté l’expérience de nous accorder ces possibilités d’action. Ce fut le fiasco, car nous ne sommes pas encore assez grands garçons pour boire dans ce tonneau là. La civilisation de l’Atlantide y a laissé sa carcasse et pas plus qu’elle nous ne sommes actuellement capables de manipuler cette dynamite sans danger; il est apparu là, comme Paracelse était apparu, à un moment donné, pour nous donner témoignage que la chose existe et demeurera riche de possibilités...mais dans un avenir assez lointain.

L’astrologie n’est rien d’autre qu’un immense calendrier vide, avec rien d’écrit dessus. C’est notre choix qui inscrit nos réalisations. Ce choix a plus ou moins de charme opératoire, selon la dureté ou la mollesse de notre champ sidéral. C’est notre Individualité qui choisit pour notre Personnalité de l’instant, et en fonction de nos antécédents karmiques, la latitude sous laquelle il est préférable que nous évoluions. Les possibilités sont diversifiées et certains karmas ne peuvent être digérés dans l’instant; ils sont différés vers une échéance plus lointaine.

C’est l’Individualité qui choisit son thème astrologique à la personnalité qui naît.

Georges Gabriel HOSTINGUE

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lutin

Esprit, feu follet
Tu me plais!

Dans les prés,
On peut te trouver,

Sans cesse tu t’amuses,
Tu flirt avec la muse,

Tu sautes le gué
Gentil primesautier!

Farfadet taquin,
Lutin coquin,

Tu taquines à foison,
Tous les garçons,

Leur met têtes folles,
Les invitent à la cabriole!

Démon farceur,
Tu leur fais peur,

Leur souffle mille sottises,
Leur inculque mille bêtises,

Puis, furtivement tu disparais,
A jamais, dans ton palais!

Jacqueline CENREAUD

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réflexion pour un manifestant en prison

Il était une fois
un manifestant,
un flic,
un juge,
un geôlier.....
Une histoire bien banale
où chacun avait en poche une carte
de la même confédération syndicale....

Marjan - 4.5.75.

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE VERBE AIMER

Inutiles sont les jardins publics
Pour voir fleurir des baisers
Partout est symbolique
Majestueusement bien conservé
Les coeurs ont tous une plastique
A conserver leurs histoires
Ils ne perçoivent le magique
Ni les reflets flous du miroir

Il se conjuguera toujours au présent
Le verbe aimer n’est l’ermite des grottes du néant
Il accompagne repas travail repos en chansons
Comme l’esprit poétique d’Aragon

Par contre les promenades en forêts
Font d’un flirt en écrit pur
Qu’il est agréable de regarder
Une passion sans ratures
Quatre jambes sous de longs genêts
Synchronisent la danse des feuilles
Tel un tempo fort bien balancé
Elles rendent musicien l’écureuil

Il se conjuguera toujours au présent
Le verbe aimer n’est l’ermite des grottes du néant
Il accompagne repas travail repos en chansons
Comme l’esprit poétique d’Aragon

Même sur le pont de Rialto
Les pigeons vénitiens s’aiment
Sous un génial coup de pinceau
Ils savent qu’ils forment une scène
Sur Santa maria ils sont très haut
Ils roucoulent sans peine
La conception des pigeonneaux
Se prépare sans le haine

Il se conjuguera toujours au présent
Le verbe aimer n’est l’ermite des grottes du néant
Il accompagne repas travail repos en chansons
Comme l’esprit poétique d’Aragon

Il réanimera le mot fainéant
Le verbe aimer a du courage sous tous les vents
Avec lui c’est normal qu’il y ait quatre saisons
Vivaldi en avait fait sa raison...

Jean-Louis ROUX (Tous droits réservés)

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ATTENTE

Le firmament miroite sur ton épaule nue
ses constellations nacrées de paillettes d'argent
et quand la tiédeur de cette nuit est venue,
j'ai glissé mes yeux dans tes lacs d’ébène brillants.

Ta douce main se perd dans ma chevelure blonde,
Tes seins se collent à mon corps fiévreux et tremblant,
Pendant que dans la pure et majestueuse onde,
se perdent nos rêves unis dans un même élan.

La nuit passe doucement et l'aube qui pointe,
Sur nos deux têtes renversées, ardentes et folles,
Unies dans un baiser velouté, apporte
son diadème en une claire et blanche auréole.

Bernard HAUDUC

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

GENEROSITE

Sachons donner !
Donner sans compter !

Accordons à qui n’a rien,
Notre aide, notre soutien

L’avare n’a rien à offrir,
Il n’y a rien de pire !

Donnons notre amitié,
Que sur nous l’on puisse compter !

Offrons notre amour,
Au delà d’un retour !

Même si nous ne sommes pas aimés,
Soutenons les oubliés !

Trouvons la force de puiser dans l’amour,
Le courage d’entreprendre toujours,

La guerre contre l’égoïsme et la haine,
Contre l’indifférence et la peine.

Jacqueline CENREAUD

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VILLE PRINCIERE Villanelle

Dans cette ville princière
Ouvrir les bras à l’enfant
Qui s’invente une lumière.

Tenaillé par la colère
Il se presse en chancelant
Dans cette ville princière.

D’une ombre crépusculaire
S’effrayer tel le pur - sang
Qui s’invente une lumière.

Sous la foudre nucléaire
Espérer en haletant
Dans cette ville princière
Qui s’invente une lumière.

Elie DUVIVIER

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’an deux mille , à grands pas "

Ecoute , n’entends - tu pas les chevaux,
Qui avancent en cortège de fleurs,
Avec sa musique, ses grelots et ses rires,
Parmi la foule en liesse, déchaînée,
Qui chante au rythme des feux d’artifices,
Acclament le nouvel âge au champagne,
Autour des tables rondes, quelle féerie...

Les prophètes tournent les pages du siècle,
Les ordinateurs et les horloges déboussolent,
En un vent de panique sur la planète,
L’économie a le vertige, les murs tombent,
Les apparats, les paillettes ne sont plus que confettis,
Pour faire place à une église nouvelle,
Qui s’élève pierre par pierre, vers les cieux,
Rassemble le monde dans une chorale sans frontière.

Nicole EPAILLY

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VA LA VIE

Rien n’est inerte
va le vie

Elle a ses ailettes d’Hermès
ses lenteurs de tortue
ses mollesses d’iguane

ses routines de processionnaires
ses affolements d’éphémères

Tout est dans la manière
la matière, l’humeur du temps

Mais le temps n’est jamais le temps
il est le temps que nous prétendons nôtre
dont nous ne savons rien ni les uns ni les autres
un temps auquel nous nous cognons
comme sphinx à la vitre
comptable de nos ignorances
à plus d’un titre et qui jouons à vivre

Lors faut - il que nous soyons sots
mon âme à cervelle d’oiseau
va la vie, l’incomptable est beau

Les iris n’ont - ils pas fleuri
de mauve, le muguet de blanc
l’air frémit
deux pigeons glosent sur un toit

Rien n’est inerte
dire qu’un seul gravier
palpite de petits mondes
où tournent des planètes à n’en plus finir

Puis que signifierait l’inerte
puisque le rien manque d’humour?

Va va ô trois fois va
la vie.

Henri Heinemann

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA MER

J’aime la tête vide...d’un pas tranquille,
Observer la mer, cette mystérieuse fée,
Le soir au crépuscule...et
Regarder le soleil s’engloutir à l’horizon.

Des myriades d’oiseaux...s’envolent
Tout d’un coup,
Pour me laisser seul sur cette plage
Contempler l’infini.

Ces mouettes...blanches
Comme la robe
Qui enveloppe le corps
De la vierge promise,

Elles se jettent dans les bras de la mer,
Tels dans ceux d’un fiancé,
Qui fait éclater
Leur premier cri de joie.

La mer est pour l’homme
Cette envoyée du ciel,
Qui reflète sur la terre
La lumière de l’éternité.

Enfant..., la mer me berçait
Dans des rêves...lumineux,
Emplissant mes moments de solitude,
Comblant mon désir d’absolu.

Etudiant, la mer...
Me prenait dans ses bras,
Comme ceux d’une mère,
Qui son enfant rassure.

Adulte..., la mer me réconforte,
Telle une présence amie..., fait sentir
Cet absolu...qui donne aux hommes
La paix pour leur vie ici bas.

La mer m’a plongé dans la mémoire du temps
Pour m’emporter sur ses ailes...découvrir
Des trésors , des bateaux fantômes, des îles, des féeries marines.
Je me retrouve...allongé sur le sable,
Dans le silence de la nuit...sous le regard des étoiles.

Serge LAPISSE

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UN AMI

Il a mis les pieds sur la table
Il s’est conduit comme un goujat...
Il parle argot, c’est intenable
D’accueillir un tel gars chez soi!
Et vous êtes sortis ensemble,
La nuit était bien avancée...
Je suis ta femme et il me semble
Que c’est un peu exagéré!

Quand nous étions à la caserne
Sombre décor de nos vingt ans
Tous les officiers subalternes
Nous disaient que c’était l’bon temps!
Nous avons goûté la gamelle
Lorsque nous étions en prison
Plus qu’à notre tour sentinelle
Simple soldat, par protection!

On s’est retrouvé à la guerre,
Beaucoup ne sont pas revenu...
Nous avons connu la misère
Des jours qui n’en finissaient plus...
Je t’écrivais mes doux messages,
Discrètement à mes côtés,
Il me disait :" allons courage!
La quille, un jour, va arriver...! "

C’est plus qu’un ami, c’est un frère
Que le hasard m’a redonné
C’est si bon d’avoir sur la terre
Un bon copain pour se confier...
Maintenant, tous deux, on espère
Que cesseront à tout jamais
Toutes ces luttes meurtrières
Que les hommes puissent aimer...

Charles BARONCINI

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SOLITUDE

Entre ses quatre murs glacials,
Il se sent esseulé,
Morbide et morose
Et ressasse, sans arrêt, son ennui !
La solitude l’étreint,
Le cafard l’envahit !
Tel un automate,
Traînant la savate,
Il va de la fenêtre au lit,
Guettant le moindre bruit,
Le moindre passage !
Il est découragé et abattu,
N’ayant personne pour partager avec lui
son menu plat,
Lui tenir compagnie,
Pour partager sa vie ;
Le téléphone est bien trop silencieux !
Ah, si au moins quelqu’un
Pouvait penser à lui,
Lui parler, l’écouter !
Doucement, au cadran,
La pendule avance,
Le laissant à sa souffrance !
Le temps lui paraît une éternité,
Pourtant, chaque jour,
A la veille ressemble !
Espérons pour lui
Que demain lui apporte
De meilleurs lendemains !

Jacqueline CENREAUD

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE LIVRE

Je me promenais le long de la Seine
Les bouquinistes m’ont toujours attirée
Pensant: j’aurai peut - être la veine
De trouver le livre désiré.

Il est là,
Parmi d’autres, sur le tas:
Bonne encore est la reliure,
Quelques éraflures
Sur la couverture.

Je l’ouvre:une phrase
Ecrite avec un peu d’emphase
Me saute aux yeux:
" Qu’as - tu fais de ta vie? Ô mortel "

Je ma fais vieux
Et c’est un peu anxieux
Que je relis cet appel.

Et les souvenirs
D’accourir:
Mes années de jeunesse
Entourées de tendresse,
Années studieuses
Troublées par des guerres malheureuses;
La création d’une famille, avec amour,
Qui vous accorde, en retour
Des joies et du bonheur
Que l’on enfouit au fond de son coeur.
Les deuils, qui vous ont tant déchiré
Et dont la plaie n’est jamais fermée.

Et, tous ces visages retrouvés
Que l’on avait un peu oubliés!

Bientôt, le temps va poindre
Où j’irai, un jour, les rejoindre.
" Qu’as - tu fais de ta vie, ô mortel "
A cette question ai - je répondu?
Je ne le sais, je ne sais plus...

A la page, j’ai mis un signet,
Cette phrase, je l’ai soulignée.

Emilienne Cottrelle

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES MOTS

Il faudrait les mots
pour dire
je t'aime
je pense à toi
tu es dans mes pensées
tu es jolie
tu rayonnes dans la maison
le jardin attends ta main verte,

Il faudrait les mots
pour dire
tout ce qui reste en moi
tout ce que je n'ose prononcer
dire mes pensées les plus simples
les plus compliquées
ouvrir le chemin de mon esprit,

Il faudrait les mots
de douceur
de tiédeur
de patience
d'amour
les mots qui ne sont pas
de tous les jours
les mots de compassion
pour chaque minute du jour.

Il faudrait les mots,
il faudrait les mots,
mais je reste là
silencieux
avec des dire non-dit
avec des mots sans son
mais je reste là
silencieux

seul le miaulement
du chat
me réveille
et c'est à lui
que je parle
avec des mots...
...des mots non-pensés,
venus en un instant
comme une fleur qui s'éveille
dans la rosée du matin...
...dans la rosée du matin
qui te retrouve au jardin,
dans ton jardin, ton royaume,
où chaque bijou se forme
d'un ensemble de pétales multicolores.

Il faudrait les mots...
...mais dans la nature
à quoi bon ?
ce sont les gestes
d'amour,
de tiédeur,
de douceur,
de patience,
qui sont les plus importants.

Bernard HAUDUC Esbly - Septembre 1994.

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Faveur

Jugé comme un faux-frère
par ses congénères,
il va être pendu
le " Lyonnais " gangster...
Il demande une faveur !
Surprise ! On la lui accorde !
Avant de passer la corde,
on lui met autour du col
un étroit ruban de soie !....

MARJAN

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

POUR NE PAS OUBLIER

S’il fallait un retour de manivelle
Et trancher le pain avec ceux qu’on aime

En amont ou bien en aval sonnent les cathédrales
Pour ne pas oublier.

Nos parents au coin de la table, nous servent à manger.
On ne les a pas oubliés.

Les enfants se mettent à rêver. Comme les saisons qui se
Sont envolées.

La cheminée où dansent le feu, je lis dans leurs yeux
comme ils sont heureux.

Mes amis , le passé m’appelle, comme elle était belle
cette manivelle.

J’ai beau passer et repasser le film, je vois mes parents
en noce de diamant.

Et la vie me semble fragile, vivre sans mes parents
c’est comme mourir vivant.

En amont ou en aval sonnent les cathédrales.

Joël VALARCHER - Esbly (Auteur,Compositeur,Interprète)

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'ORIGINE DU FEU (extrait)

S’agit - il de l’âme d’un point nouveau
d’une besogne tendre d’un fourreau qui s’insurge
au risque de tout perdre à ce jeu de ludion
au risque de tout perdre la trace de tes doigts
sur le papier - sentier s’agit -il d’une ivresse
les strates se déplient l’étoile qui la verse
étrennera ta main pour une incarnation
tolérée par la nuit

Andrée CERDAN-JARA

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RECHERCHE

Fuite loin de l’habitude qui comme
la poisse se colle après nous pour rester,
L’éternité, nôtre.
Béat comme un zéro, je suis ivre du renouveau.
Je marche allègrement sur le chemin du bonheur
Qui me sourit et me tend la main.

Bernard HAUDUC

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MACROCOSME

On dit que je suis courbe...et sous la voûte immense
aux confins de la Vie je disparais soudain.
Si l’on jette un regard vers un futur lointain
notre espace et le temps engendrent la démence.

Soleils omni-puissants ou galaxie-présence!
Certes, que savons nous des trous noirs incertains?
De ces lieux vivants-morts où des mondes éteints
pourraient êtres témoins d’une divine absence ?

Galériens de la terre, amoureux de son miel,
nous plongeons vers ailleurs, nous cultivons le ciel
afin de mieux comprendre, afin de mieux aimer.

L’univers nous invite toujours sublimer
nous les terriens paumés, les errants sans bagage ,
quand émerveillés nous vivons le grand voyage.

 

Georges Gabriel HOSTINGUE

Poésies d’Hier et d’Aujourd’hui

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CERISIER MAGIQUE

Magnifique

Epanoui du luxe de ses cent ans

Le cerisier magique
De Yasaka Jin Ja
Se métamorphose en avril
En somptueuse ombrelle
Finement assemblée il à fil
De milliers de morceaux de dentelle
Voiles de pétales blancs
Délicatement tissées
Par les doigts du printemps

Cet arbre est un Esprit
Jaloux de son mystère
Il s’éveille une fois l’an
Paisible et radieux
A travers sa lumière

Les passants éblouis
Par sa beauté altière
S’agenouillent devant
Lui offrent des prières
Ainsi à chaque floraison
Quand la nature pavoise
Le sortilège opère

Ce mage centenaire
Calme les plus ardents
Tempère les déraisons
Soulage les détresses
Et sème à tous les vents
En de doux frissonnements
Un parfum de sagesse

Tu es le fier
Le Grand l’Unique
O Cerisier magique
De Yasaka Jin Ja

Prends garde cependant
et reste vigilant
lorsque tu te pavanes

En quelque arrière - boutique
Complice d’assassins
Sournoise
Tapie dans son recoin

La tronçonneuse ricane
La tronçonneuse attend

 

Jean-Pierre GHIO

extrait du nouveau recueil " Eclats de vers "

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’amour

Peux - tu mesurer
Ta façon d’ "aimer "?

Sais - tu qu’" amour "
Rime avec toujours?

C’est ce don généreux
Qui rend heureux!

Celui qui " donne "
Tout de sa Personne,

Sans jamais compté,
Ni même que ce fut mérité!

C’est le plus beau
Des cadeaux,

Quand deux êtres
Font naître,

Ce sentiment charmant
Et puissant

Qu’on partage
A tout âge,

Qui retient chacun
Par de solides " liens ".

Jacqueline CENREAUD

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2000 !

Voilà ! Les trois zéros sont venus d’outre - rêve
S’asseoir auprès du Deux pour un banquet de jours,
Fêtant par l’univers la grand’soif du Toujours
Puisque c’est du Jamais le doute qui s’achève.

Les trois zéros sont là, venus d’outre - raison;
Le temps nul du " Big bang "les voilait de mystère
Mais voici que du fond des poches de la Terre
Le Deux les a tirés, oeufs pour sa couvaison...

Hommes de tous les cieux, oyez, c’est l’An deux mille !
Sur le tableau des Temps " Cela  " s’est allumé
Projetant son arcane au gouffre sidéré
Où dansent les soleils aux orbites séniles.

Pour vous, tout est nouveau en l’inouï départ
De ces trois ronds suivant un Deux plein de faconde
Dont la dualité veut féconder le Monde...
Deux mille !

Un angélus sonne - t - il quelque part ?

 

Jacqueline DELPY

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES RONDELS

Lorsque l’on fouille un tant soit peu les archives du Moyen âge, et lorsque, par ailleurs, on se réfère aux traités de versification, on est surpris de la façon dont, au sein d’une véritable forêt de formes fixes en perpétuelle évolution, on a tranché et réglementé sans appel possible, alors que les créateurs de ces formes ne recherchaient que de nouvelles harmonies. Fort heureusement, le choix s’est arrêté sur des types bien définis, et lorsque leur évolution les avait améliorés au maximum; mais il est quand même permis de se demander aujourd’hui si ces règles impératives n’ont pas sclérosé des siècles durant ce qui paraissait alors le meilleur et qui pouvait sans doute encore se dépasser et se renouveler pour nous conduire à de nouvelles formes dont nous avons été frustrés.

Afin de pallier cette carence malheureuse, sans toutefois négliger cette tradition qu’il est indispensable de connaître - avant de s’en écarter éventuellement pour quelque chose de meilleur - je préciserai, d’une part, ce que tous les théoriciens ont jugé bon d’arrêter et de définir et j’ajouterai, d’autre part, tout ce qu’il ma paraît utile d’ajouter à un tel chapitre. Procédant ainsi, le traditionaliste aura ses précisions...et le chercheur aura les siennes.

L’histoire du rondel, nous disait mon excellente amie Andrée Petibon en 1936, dans la revue " LES POETES ET LA TRADITION  " devait s’écrire avec une main de fée et une plume de rêve. "

Il est né en France alors que la poésie en était à ses premiers pas et a toujours gardé la fraîcheur d’une jeunesse inattaquable." Parfois, nous disait - elle encore, il se fait tendre et mélancolique: c’est une caresse, c’est un regret plutôt qu’une larme et, le refrain devient alors l’écho très doux de la plainte qui s’exhale dans le poème. On ne déclame pas un rondel, on le murmure. "

Tous les commentateurs sont d’ailleurs d’accord pour nous préciser qu’il doit être gracieux, exquis. Seul, peut - être Martin Saint - René, sans pour cela minimiser ce côté gracieux, prétend dans son " PRECIS DE POESIE  " qu’il " se prête à une certaine ampleur ".Quant à moi, ne voulant pas altérer la grâce et la fraîcheur de cette forme fixe, je préférerais réserver cette certaine ampleur au rondeau dont le parlerai par ailleurs.

Les premiers rondels, dans leur forme à peu près définitive (une vingtaine mis en musique ) paraissent avoir été écrits par Guillaume de Machaut (1284-1370).Vint ensuite le véritable maître , le Prince d’Orléans, qui fut le chef indiscuté quant à cette forme, d’une véritable lignée de poètes dont le plus célèbre est François Villon. De 1540 (mort de Roger de Collery ) à 1830 où les romantiques lui donnent une sérieuse part de leur ferveur, le rondel sommeille. Théophile Gautier, Théodore de Banville et Catulle Mendès le font connaître et apprécier depuis, avec plus ou moins de bonheur, il n’a pas cessé de se manifester. Le poète André Serres, qui m’honore de son amitié, en a publié des centaines et certainement composé des milliers. Il est peut - être - et ceux qui le connaissent ne me désapprouveront pas - le poète contemporain du rondel.

Ses règles de construction sont assez simples et précises, mais il y a actuellement un désaccord quant au nombre de vers, alors que paradoxalement, le modèle choisi est le poème de Charles d’Orléans:

Le temps a laissé son manteau
De vent , de froidure et de pluye
,  "

Ce désaccord provient sans doute de la fantaisie de certains éditeurs qui ont publié ce poème à leur manière et non à celle de l’auteur. C’est ainsi que Pierre Champion, dans son ouvrage " CHARLES D’ORLEANS - POESIES "édité en 1927, le publie avec douze vers, alors que " La Renaissance du Livre  " dans " POESIES DE FRANCOIS VILLON, CHARLES D’ORLEANS ET HENRY BAUDE  "le présente avec treize vers et que le " LAROUSSE DU XXeme SIECLE  " (première édition ) le reproduit avec quatorze. Il ne m’a pas fallu moins que l’excellente confraternité de J.Drève et Luciane, en Belgique, et de Vona Palaa, en France, pour une mise au point. Finalement, je crois pouvoir trancher en adoptant la forme proposée par Charles d’Orléans et consignée dans l’édition originale déposée à la Bibliothèque Nationale et qui est bien de treize vers.

Si nous consultons d’ailleurs plusieurs ouvrages, nous devons bien convenir que sont de cet avis:
-le Père Mourgues, dans son " TRAITE DE LA POESIE FRANCAISE "
-Auguste Dorchain, dans " L’ART DES VERS  "
-A.Salomon et M.Nicaise, dans leur " PETITE POETIQUE FRANCAISE "
-T.de Banville, dans son " PETIT TRAITE DE POESIE FRANCAISE "
-Ph.Martinon, dans son " DICTIONNAIRE METHODIQUE ET PRATIQUE DES RIMES FRANCAISES  "
-Jacques Heugel, dans son " DICTIONNAIRE DES RIMES FRANCAISES, ACCOMPAGNE D’UN PRECIS DE VERSIFICATION FRANCAISE. "

Toutefois, afin d’éviter un rigorisme inutile et parce que tout doit être considéré, je signale qu’Henry Bénac , dans son " VOCABULAIRE DE LA DISSERTATION  ", définit le rondel comme poème de 14 vers de huit ou dix pieds et que Ch.Le Goffic et Ed.Thieulin, dont j’approuve la tolérance, disent dans leur " NOUVEAU TRAITE DE VERSIFICATION FRANCAISE  " qu’il se termine par un sixain ou un quintil, au choix du poète, qui reproduit à la fin du poème le premier ou les deux premiers vers selon ses préférences.

Mais il conviendrait peut - être, afin d’éviter toute nouvelle confusion, de définir les règles de cette forme fixe.

Le rondel de treize vers écrits sur deux rimes comprend deux quatrains suivis d’un quintil. Les deux premiers vers du premier quatrain constituent un refrain et forment le seconde moitié du second quatrain. Le premier d’entre eux forme le dernier vers du quintil. La première rime peut être indifféremment masculine ou féminine. Les rimes du premier quatrain doivent être croisées A B A B , et celles du quintil selon cette graphie A B B A A .Enfin, d’après Larousse (XXeme siècle, 1ere édition), les vers peuvent être de huit ou dix pieds, alors que d’après Martin Saint René, " le vers de huit pieds est de rigueur ".Jacques Heugel signale que les rondels en octosyllabes sont les plus nombreux, mais il n’oublie pas de faire remarquer que Charles d’Orléans en a ciselés dans des mètres divers, depuis le tétrasyllabe jusqu’au décasyllabe inclusivement. Je préfère cette diversité, mais s’il fallait absolument choisir entre ces différents types de vers, j’opterais - ainsi que je l’ai fait dans l’exemple ci - après - pour l’octosyllabe plus en accord avec la légèreté recherchée.

RONDEL

Pourquoi sont - elles de soleil
Les fleurs et la ronce elle-même,
Sous la robe de leur baptême
Où l’innocence est en sommeil ?

Un nuage plonge un orteil
Dans la rivière, en vrai bohème.
Pourquoi sont-elles de soleil
Les fleurs et le ronce elle-même ?

Pourquoi les mots, dès leur éveil,
S’assemblent-ils en un poème ?
Est-ce pour dire que je t’aime,
Oh! toi, ma source et mon remeil, (1)
Pourquoi sont-elles de soleil ?

(1) ce mot ne figure plus dans le dictionnaire, mais sa consonance et sa signification méritent une résurrection. Le Grand Dictionnaire Universel du XIXème siècle le définissait comme :courant d’eau qui ne gèle pas en hiver ".

Marcel BRUN

(extrait de -Les techniques de la poésie classique)

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SONGE AUX SIECLES MORTS.

LAISSE PASSER L’AN 2000.

PREPARE LES AUTRES !

MICHEL-FRANCOIS LAVAUR

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’AN DEUX MILLE

Agrippé au progrès, il restera mortel
Et ses ondes nacrées délivreront sa grâce
Combien de sacrifiés seront là sur l’autel
Des déboires passés qui se voilent la face.

Faudra t - il tant de morts pour tracer le sillon
D’un vrai monde nouveau éperdu de sagesse?
Et la terre qui tourne telle un microsillon
Pourra t - elle enfanter plus de mille promesses

Je ne suis pas prophète et pourtant je le sens
cette vie qui s’annonce se verra salvatrice.
Une femme viendra avec un nouveau sang,
Avec de vraies idées qui seront novatrices.

Alors, la fin du siècle revivra pleinement
Et ses poumons seront aussi chauds qu’un soleil.
En des cieux étoilés, l’aube du firmament
Brillera de son feu à nul autre pareil.

Auguste Lefevre RICHARD

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’enfant et le rouge - gorge

Quand l’enfant
Découvrit le petit rouge - gorge
nouveau - né,
Il savait déjà par les grandes personnes
Qu’il ne vivrait seulement
Que le temps de quatre saisons...
Il l’embrassa tendrement
En lui murmurant:
" Bonne année "!...

MARJAN

 

 Retour à la Table des Matières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

NOUS AVONS RECU, NOUS AVONS LU par Charles BARONCINI

FLORILEGE 96 - Septembre 99 -BP 65 - 21021 Dijon cedex

Les compositions graphiques de Jean-Paul GAVARD-PERRET participent à l’esthétique noir et blanc de ce numéro auquel ont collaboré une pléïade de vrais poètes dont Michel MULOT (prix Florilège de Poésie Classique) extraits : " Mes mots viennent, s’en vont, menant au fil des pages
Ma plume prisonnière en sa peur de demain;
Ils retiennent les noms, les rires, les orages,
En pleurant sur hier dans le creux de ma main. "

et le poète algérien Mohamed Said Fodil dont notre rubrique se fait l’écho :

" Quelque part
En ce pays damné
où la nuit a jeté l’ancre
De son poignard démon
Des mains sadiques
Assoiffées de décombres
Saccagent des roses
Qui portent des prénoms de femmes ".

METHODES de PROTECTION CONTRE LE MAUVAIS OEIL de Jacques BERSEZ -

Editions du Lion d’Or- Paris

Qui a le mauvais oeil ? Les jaloux, les avares, les lâches.

Le mauvais oeil est une action occulte entre la malédiction et le sortilège, une pensée forte qui va aboutir sur un corps astral aux endroits les plus faibles et qui provoquera un déséquilibre physique avec le corps physique.

Pour se préserver du mauvais oeil ?

Porter du sel sur soi ou un foulard rouge - en Italie et en Corse sont prévues des amulettes spéciales sous forme de colliers.

L’auteur cite les écritures, explique les tabous :  " la vie est dans tout, elle veut de la lumière et la lumière c’est l’esprit - le rapprochement subtil entre la matière et l’esprit nous fait comprendre que les tabous même volages sont une conséquence du mauvais oeil ".

LES REINS et les COEURS de Roberto LIVADIOTTI - éd.Ciel et Terre 27 rue de la Garenne -02450 L’Epine aux bois.

des visages.... celui du maître qu’il préfère aux plus beaux paysages du monde,
celui des créateurs marqué par tout ce qu’ils ont vécu,
le visage glacé du PDG face au demandeur d’emploi...
L’Arabie de ses souvenirs à travers les vitres des fenêtres... Antibes, Valbonne... un jardin beau comme l’Eden où fleurit la sensualité... mais aussi du mysticisme, de la réflexion, de l’ironie teintée d’humour :

" Je suis heureux que vous êtes satisfaite
Madame la MARQUISE
car comme vous le voyez, en ce monde
tout va très bien

De plus en plus de gens dorment dans les rues ".

DE L’ATTENTE de Franck BOTTEN - éd.Ciel et Terre

Franck Botten n’est pas uniquement un poète, c’est aussi un peintre et un compositeur, qui sait faire du verbe une touche de peinture sur la partition d’un grand compositeur, nous révèle Sophie-Maud GODEFROY dans la préface:

" tu entendras,
cascader des corolles du nénuphar glacé
le sourire infini des libellules égayées
planant sous la fresque nuageuse étoilée "

DES MOTS SORTIS POUR PRENDRE L’AIR de Philippe A.BOIRY - collection La Nouvelle Pléïade - l’Etrave- Chemin des Fontanilles- 11510 FITOU

Et les mots sont jetés... ni bêtes ni anges, au goût des myrtilles, parfois...:

" Notre vie commence à mourir
Avec la mort de nos amis "

" La banlieue, fausse compagne
Etale ses illusions,
du vert avec du vermillon
Et de bons talus pour montagnes "

" Jetons l’ancre dans la folie
d’un amour de vraie passion
et dans les vagues si jolies
de nos désirs, noirs compagnons ".

C’EST JUSTE LE VENT de Grégory MARIN -éd.Ciel et Terre

Un climat de série noire, un vocabulaire qui ferait rougir Lemmy Caution, un univers sordide et touffu d’où peut naître un espoir, jaillir une étincelle, surgir une trouée de poésie.

INEXORABLEMENT de Daniel PETEUIL -éditions Abaca - 27 rue de La Garenne -02540 L’Epine aux Bois

Un vieux SAVANT bien campé qui me rappelle le vieux monsieur qui accueille les touristes sur le site du village d’Egypte de Sakkarah et bien que l’on soit en Afrion ou en Eurasie, l’originalité de cette science fiction consiste à nous laisser dans l’époque d’aujourd’hui avec son univers électronique et sa menace nucléaire.

L’AFFAIRE KLUSTER de Christelle FORGES. éd. ABACA

Dans un somptueux manoir:

" Il avait sorti un revolver qu’il pointait sur Lady Grant...Un coup de feu retentit:Lady Grant tomba. "

" -Coupez, coupez! "

Ce n’était que le tournage d’un film... Mais retour à la réalité... et suicide de Lady Grant. L’inspecteur Durand , comme nous, se pose des questions ,mais avec lui, les enquêtes aboutissent toujours. Et le fait est qu’Agatha Christie n’aurait pas renié un tel dénouement.

CES FEMMES QUI PLEURENT EN FAISANT L’AMOUR. Elisabeth DASCARD. éd.ABACA

Un titre mal choisi, quelques phrases provocantes, mais ne nous y trompons pas, avec des mots et des situations d’aujourd’hui, ce roman est riche d’inspirations originales:une mère, lucile, son enfant, clara.Une symphonie d’amour au clair de la terre.(extraits)

" Mon petit coeur bat
Au rythme de ton amour
Bruit sourd dans ma tête
Tu es mon monde
?-Poussière. "

" Je me libère
Je nous libère
Femme de la terre
Enfant du ciel
Mon bassin s’écarte
Bienvenue Clara
Tu es là sur mon ventre
Et je chante un son doux
D’une ancienne mémoire. "

LA FALAISE de Jacques ALBERT - éd. ABACA

Attention, chef-d’oeuvre ! Des côtes de Bretagne décrites comme vous les aimez et plus encore.... des personnages adolescents si vrais qu’on sent leurs coeurs palpiter....un roman dont on ne peut sortir que bouleversés.

ET SI de Georges AIMETTI - éd.ABACA

Un roman vécu qu’il faut avoir lu pour bien comprendre la solitude d’un chômeur qui a rejoint d’autres compagnons d’infortune sur la liste de " dégraissage " -- licenciements indispensables pour que les actionnaires de l’entreprise aient un plus gros bénéfice .

extraits : " Je n’ai plus d’avenir, plus de projets et j’éprouve une désagréable sensation d’inutilité et de désarroi.... Je ne reconnais pas les bruits de la rue, les sons inhabituels pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude d’être là, à cet endroit, à cette heure un jour de semaine -- ils semblent appartenir à un autre monde -- je ne reconnais pas ma rue et n’ose en fait, pas trop m’approcher de la fenêtre; si quelqu’un voyait bouger le rideau et m’apercevait.... "

Le courage et l’espoir ne manquent pourtant pas à Georges AIMETTI qui crée une association pour venir en aide à d’autres chômeurs comme lui -- une tâche bien difficile, profitons de la liberté d’expression pour l’écouter encore :

" Bon nombre de charognards, vivent de la crédulité des chômeurs avec la bénédicition de certains élus. "

 

 Retour à la Table des Matières.

 RETOUR AU SOMMAIRE GENERAL