ZANELLA Gilbert 

 Le SCORPION et la GRENOUILLE Qu'y PUIS-JE ?

 IL FAUT LE CROIRE LE SABLIER LE JARDIN SECRET

 POUR JO A FEU ET A SANG LE BOURSE OU LA VIE

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LE SCORPION ET LA GRENOUILLE

Un scorpion hésitait au bord d'une rivière
Car il était curieux de la rive au-delà.
Une grenouille verte qui passait par là
Fut aussitôt l'objet d'une ardente prière.

Passe-moi, je te prie, sur la rive opposée
Et je n'userai pas de mon bel aiguillon:
Je veux pouvoir scruter de nouveaux horizons
La profondeur de l'eau m'empêche de passer.

Le batracien pensa : suis-je bête d'avoir peur
Me piquant sur mon dos, il serait condamné.
"Je veux bien, lui dit-elle aussitôt, t'emmener;
J'espère cependant ne pas faire d'erreur."

Et les voilà partis sur l'onde frémissante.
Au beau milieu du cours, tout à coup le scorpion
Injecte son venin à la bête accueillante
Qui commence à couler dans un lent tourbillon.

"Pourquoi as-tu fait ça, dit la grenouille en pleurs,
Nous mourrons tous les deux: es-tu fou à lier ?
L'insecte malfaisant ne put que répliquer :
"Piquer est ma nature, le reste n'est qu'un leurre."

Chacun de nous, ici, ne fait qu'exécuter
Ce pourquoi il est fait, qu'il soit bon ou méchant
Rien ne pourra changer la nature des gens
En pensant le contraire tu pourrais te tromper.

Gilbert ZANELLA - Juillet 1991 -

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Qu'y puis-je ?

La maison est hantée, et le couloir béant
Est parsemé de gouffres où règne l'épouvante.
Le parquet craque encore, les rideaux volent au vent
Qu'y puis-je mon amour, si ta pensée me hante ?

J'y marche en frissonnant, je marche dans la nuit
Seule une lueur au loin en guise de boussole
Où je rive mes yeux est là qui me console.
Qu'y puis-je mon amour, si j'oublie qui je suis ?

Le jardin est hideux sous les taillis hirsutes
Je me pique en passant pour m'en aller plus loin
Vers le vieillard étrange qui trace les destins.
Qu'y puis-je mon amour, si je cesse la lutte ?

Tous les oiseaux du soir me crient dans les tympans
J'ai peur de ce chemin, et sombre est la campagne...
Qu'y puis-je mon amour, si la terreur me gagne
Quand je voudrais te dire que je t'aime vraiment ?

Gilbert Zanella

28 Août 1991

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IL FAUT LE CROIRE

Il faudra bien qu'un jour les hommes se comprennent
Qu'ils portent le turban, l'habit ou le burnous.
Il faudra bien qu'un jour ils se parlent sans haine,
Que leurs yeux soient bridés ou qu'ils jouent du biniou.

Le désir d'accepter toutes les différences
Sera notre combat, et la couleur des peaux
Fera un arc en ciel pour ceux qui ont la chance
De croire qu'un beau jour nous serons tous égaux.

Chaque peuple a ses fous, chaque peuple a ses sages.
Le refus de juger sans recours son prochain
Sera notre fierté, la force du courage
Et nous mériterons d'être appelés humains.

Que ton dieu soit Yave, Allah ou Confucius
Si tu ne crois en rien, pliant sous un fardeau
Arrête de marcher, monte dans l'autobus
Ou laisse toi porter assis dans le métro.

Nous venons tous de loin,
Sortis de l'océan
Nous sommes des humains
Montrons nous tolérants.

Gilbert ZANELLA - Juillet 1993
Extrait de "La part du rêve".

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LE SABLIER

Je me trompais de route
Montre-moi le chemin
Et pardonne mes doutes
Je ne suis qu'un humain.

Le fond du sablier,
Qui s'emplit peu à peu,
Deviendra meurtrier.
Oh, Temps, arrête un peu.

Laisse-moi vivre encore
Car je n'ai rien vécu
Tu peux prendre mon corps
Tu seras bien déçu.

Je garde mon esprit
Et je m'enfuis avec,
En d'autres galaxies
Je garde les yeux secs.

Je ne veux point pleurer
Je n'avais ici-bas,
Que de dures journées
Et d'incessants combats.

Il est temps, je te vois,
Tu me guettes l'air mauvais.
Reste au coin de ton bois,
C'est fini, je m'en vais.

Gilbert ZANELLA. Août 1991.

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LE JARDIN SECRET

Dans ton jardin secret,ami,va faire un tour.
Dans ton jardin secret,ami,que plantes-tu?
Quand tu te sens bien seul,ami,sème l'amour...
Ne laisse pas germer le vide et l'inconnu!

Dans ton jardin secret,ami,es-tu perdu,
Retourne sur tes pas,cherche les blancs cailloux...
Dans ton jardin secret,ami,y pleures-tu?
Fais attention à toi ou tu deviendras fou!

Dans ton jardin secret,ami,quand vient la pluie
Qui lavera ton coeur et mouillera tes lèvres,
Dans ton jardin secret,ami,viendra l'oublie...
Et cache ce regard qui t'a donné la fièvre!

Dans ton jardin secret,ami,fais-tu du vent
Quand s'amoncellent en toi les nuées de l'orage?
Laisse donc s'en aller la peur et les tourments...
Dans ton jardin secret es-tu devenu sage?

Dans ton jardin secret,ami,garde toi bien.
Chasse-en les envieux,les fourbes et les méchants.
Dans ce jardin secret,ami,tu ne crains rien.
Tu donneras ta clef seulement en partant...

Gilbert ZANELLA,le 14 février 1992

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POUR JO

Tu as trouvé la paix derrière ta barricade
Et tu crois que cela continuera toujours
Car tu es persuadée que ton Dieu te regarde,
Qu'il a tout arrangé, qu'il remplace l'amour.

La Foi qui, paraît-il, déplace les montagnes
Est venue te toucher; tu te mets à genoux
Et tu es transformée, tu t'évades du bagne
Tu as pu t'en sortir, tu n'es plus avec nous.

N'as-tu pas peur qu'un jour le voile se déchire,
Que tu te trouves seule, et les années passant
Que tu ne puisses plus un beau jour te mentir
Et viennent les regrets dans tes derniers instants ?

Alors rejette tout, ta croix et tes idoles
Tes statues du passé et les pauvres tabous
Essaie de t'arracher à cette ronde folle
On t'attends, je t'en prie, reviens donc parmi nous.

Gilbert ZANELLA - Aout 1991.

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A FEU ET A SANG

Les fées de l'univers penchées sur ton berceau,
Ont posé sur ton front leurs baguettes magiques
Et t'ont appelé Roi, toi l'enfant magnifique,
Et te voilà monarque au royaume des sots.

Ta parole fait loi, les pauvres plient l'échine
Et retournent au labeur sans oser dire un mot,
Car sur la main d'acier le gant semble plus beau
Ainsi que les rubans posés sur ta poitrine.

Tu ne fais pas d'erreurs, tu es l'être infaillible
Qui mène son pays vers d'augustes horizons.
Ceux qui sèment le doute finiront en prison,
Tu leur destineras des châtiments terribles.

Puis nous t'accueillerons chez nous les bras ouverts,
Nous ne t'en voudrons pas d'assassiner tes gens.
Nous pourrons même aussi te prêter de l'argent
Et nous serons heureux dans ce monde à l'envers.

Gilbert ZANELLA . Eté 1993.

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LA BOURSE OU LA VIE

Toi qui repars nanti, les revers cousus d'or,
Peut-être gagnais tu les écus en dormant ?
Mais il faut s'en aller ; je te plains à présent
Car tes derniers instants seront pleins de remords.

Tandis que tu comptais chaque jour ta fortune,
L'abeille butinait ; ne la voyais-tu pas ?
Et alors que montait le dernier quart de lune,
Tu regardais les cours de l'orge ou du soja.

Mais tu dois nous quitter... Ainsi va la nature,
Et l'angoisse te prend. Que vont-ils faire de çà ?
Mener la grande vie, acheter des voitures
Et déjà t'oublier : tu ne les aimais pas.

Tu sens le mal en toi. Domine un peu ta peur
Rapelle toi les cris des gens que tu ruinais...
Allons prépare toi ! J'entends que sonne l'heure
Ou tu redeviendras plus pauvre que jamais.

Gilbert ZANELLA 17 Avril 1993

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